Voilà l'histoire de mes deux juments passées pieds nus, pour lesquelles nous (proprios et maréchal/pareur) tatonnons encore parfois.
Xissa est une jument née au Portugal en 2003, cruzado portugaise, née sous le fer Ortigao Costa. Dans cet élevage les chevaux passent leur jeunesse en semi-liberté sur de grands espaces où ils peuvent apparemment avoir les pieds dans l'eau mais ou le régime alimentaire semble assez maigre. Résultat une jument fine, très bien dans sa tête mais qui m'arrive... ferrée (de 3 pieds seulement) et pieds longs. Jeune et sans expérience moi même je n'avais pas négocié avec le marchand une ferrure à neuf, ce qui comptait pour moi c'était le regard de biche que m'avait lancé ma jument galopant au soleil couchant...
Bref, pour en revenir au pieds: vu que je n'avais qu'un age approximatif de la belle (entre deux et trois ans, hum) et que le vendeur tardait a me faire parvenir les papiers, je décidais de la mettre au pré et donc de déférrer (la bourse ric-rac de la toute jeune diplomée que j'étais me soufflait a l'oreille que "on allait quand même pas lui mettre des fers pour qu'elle reste au pré en attendant le débourrage".
Vient la période de "débourrage" (je n'aime pas ce mot) où pour moi travail rimait avec ferrure. Donc re-fers, débourrage, balades, travail en main, etc... Arrive un premier abcès, qui traine, ne se déclarant pas vraiment, jusqu'a ce que la jument soit arrêtée dans le champs, véto, soin, etc...
S'en suis des périodes avec et des périodes sans les fers. Des essais quoi; je me fais petits a petits mes conclusions. Ma jument grandit mais nous ne sommes pas des foudre-de-guerre du boulot acharné. Donc première conclusion: les pieds ne s'usent pas.
J'ai par contre affaire à une ribambelle de maréchaux ferrants, j'en compte une dizaine en 10ans. Le dernier m'a convaincu bien malgré lui et grace à ma jument qu'elle trouvait ça bien inutile, ce bout de métal aux pattes.
Mais avant cela des essais de 4 fers, puis 2... et là deuxième conclusion: elle n'a pas mal aux postérieurs .... Elle a donc une bonne corne! Pour autant les essais de defferage complet ne sont pas satisfaisant: sensible en balade, sur les cailloux c'est casse pieds, bref, on garde une paire de fers pour l'avant.
Et puis, par un joli mois de Mai, je souhaite partir en balade avec mon ami. Les juments ont vu le maréchal la semaine précédente, nickel elles vont etre aussi pretes que nous à partir! Eh bien non! Xissa n'a plus qu'un fer... La balade est compromise, le maréchal rappelé, il viendra une semaine plus tard (bah oui des particuliers à pétaouchnoc pour un fer, on peut pas faire plus vite) Sauf que le second fer sera manquant à l'appel une semaine plus tard, re-appel au maréchal, re-passage et re-re-deferrage des deux pieds d'un coup et malgré des doubles poinçons... La belle n'avait plus envie de faire des claquettes en marchant sur le goudron.
J'ai donc dis basta plus de fers.
Après ça on a vu de tout aussi au niveau parage: des maréchaux qui font des parages de pré, ou qui jettent un oeil en disant "on verra ça la prochaine fois" particulièrement pour les postérieurs, d'autres qui veulent passer toutes les 4 semaines parce que "un pieds nus ça s'entretient". Des méthodes KC Lapierre, Strasser... au méthodes "parage de prairie".
Je crois que finalement un parage simple suffit, et ce qui a vraiment apporté du changement dans l'entretien des pieds de mes juments, c'est l'ajout de 25 tonnes de cailloux autour de l'abri d'hiver (oui, oui, 25 T) qui ont permis d'éliminer radicalement la vilaine gale de boue de l'année précédente mais aussi de ne pas ramollir la corne en la mettant hors d'eau tout l'hiver.
D'ailleurs notre deuxième jument Polka a elle aussi été mise pieds nus depuis quelques années et a bien profité de ces cailloux. Elle qui nous faisait un abcès à chaque printemps, n'a rien déclaré cette année. Pourtant cette petite appaloo aux pieds plats nous y avait habitué depuis presque 6 ans...On c'était même équipé en chaussures!
L'autre grande décision importante dans la gestion des pieds a été l'alimentation: mes juments ont tendance a profiter du moindre brin d'herbe et j'ai tendance à toujours vouloir les "nourrir bien" hum, donc on travaille encore là-dessus. Mais bien évidemment ça joue énormément!
voilà pour le résumé du passage pieds nus de deux juments sous le ciel breton